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Le palmarès des coopératives et des négoces

La concentration continue son chemin dans le monde de la distribution agricole et de l'appro-collecte. Et, pendant que la coopération tend à élargir toujours plus son périmètre, le négoce agricole se bat au quotidien pour maintenir ses entreprises face à l'envasement administratif et aux aléas conjoncturels.

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Si la santé financière des entreprises de la distribution agricole se maintient et est même estimée bonne, elle subit toutefois les à-coups de la baisse des cours des céréales conjuguée à une collecte 2013 moindre dans quelques régions, avec des chiffres d'affaires en net recul pour plusieurs opérateurs. Dans un secteur économique où le taux de rentabilité décolle difficilement du 1 %, les marges de manoeuvre sont étroites. L'hétérogénéité de la récolte 2014 devrait également impacter l'exercice en cours. D'autant plus que des incertitudes entourent les marchés malgré les perspectives de croissance à terme. Ce qui amène Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France Métiers du grain, à observer que « les difficultés de trésorerie des agriculteurs dans certaines régions risquent d'être croissantes. Des coopératives pourraient en être bousculées ». Aussi, certains enjeux en cette année 2015 prennent toute leur dimension à l'image du plan protéines en blé tendre qui entre dans sa pleine année de mise en oeuvre. Les aléas qualitatifs de la dernière moisson ont mis en lumière la nécessité de ce plan qui était déjà dans les tuyaux. Lancé pour la récolte 2014 dans sa première étape concernant la relation OS-aval, il va prendre corps entre les OS et les agriculteurs pour la récolte 2015. A ce temps fort, se joint le lancement en ce début d'année d'une nouvelle grille de classification des blés, censée être plus utilisable que la précédente. A ces handicaps qualitatifs générant des difficultés dans la mise en marché, se greffent des obstacles logistiques avec les projets de fermeture de voies ferroviaires capillaires. Toutefois, ce dossier reste ouvert avec des études techniques en cours et l'étude des financements potentiels. Une conférence sur le fret ferroviaire est programmée en ce début 2015 par les pouvoirs publics.

Bilan Ecophyto attendu

Autre rendez-vous à venir, celui du bilan à mi-parcours du plan Ecophyto avec un rapport remis par le député Dominique Potier, le 23 décembre, au gouvernement. « Des champs entiers restent à explorer en matière de réduction de l'usage des produits phytos tels ceux liés à la technologie, aux OAD... », précise Vincent Magdelaine. Dans ce même domaine, les certificats d'économie de produits phytosanitaires, proposés par la loi d'Avenir, sont toujours en attente d'un texte légiférant l'expérimentation du dispositif.

Priorité à la transmission en négoce

Toutes ces mesures augmentent une charge administrative dénoncée par Frédéric Carré, président de la Fédération du négoce agricole (FNA), lors du dernier congrès de la FC2A. Aux prises souvent avec les mêmes obstacles que les coops (abstraction faite de la fiscalité), les négociants ont à faire face à des préoccupations plus spécifiques liées à la petite taille de leurs structures et à leur statut d'entreprises privées. Référence est faite à la transmission des négoces qui est devenue un axe prioritaire pour la FNA. Et ce, dans un contexte où la famille du négoce voit nombre de ses membres repris par des coopératives. Cependant, souhaitant dépasser une guerre de chapelles estimée obsolète, la FNA tient à promouvoir avant tout le commerce au sens large, qui concerne, selon elle, autant l'approche capitaliste que celle mutualiste. Ces reprises permettent à la coopération d'agrandir son périmètre en appro-collecte, outre les rapprochements opérés entre coopératives qui continuent sur la campagne actuelle avec la fusion de Bonneval et Cabep dans le Centre et celle à venir entre Charentes Alliance et Coréa en Poitou-Charentes.

Inciter à la concentration des ETI

Au global, tous secteurs confondus, 73 opérations de croissance externe ont été enregistrées dans la coopération sur les dix premiers mois de 2014. Un chiffre en léger retrait sur l'année précédente. D'où une évolution peu marquée du chiffre d'affaires global de l'ensemble des coopératives agricoles qui s'établit à 84,8 milliards d'euros (88,3 en 2013). Un chiffre d'affaires réalisé à 50 % par les coops et 50 % par leurs filiales. Une quinzaine d'entreprises dépassent la barre de 1,5 milliard d'euros. Mais, selon Philippe Mangin, il reste à « encourager la poursuite de la concentration au niveau des ETI (entreprise de taille intermédiaire) car nous avons besoin de grosses ETI comme en Allemagne. L'augmentation de la taille des entreprises permet de mieux maîtriser le risque lié à la volatilité des cours, d'investir et d'innover, de gagner la bataille de l'export et d'attirer de la matière grise ». En appro-collecte, ce mouvement de concentration est déjà bien entamé avec à ce jour 169 coopératives, réalisant 17,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires, répertoriées dans ce secteur. Elles occupent 74 % du marché en collecte et 66 à 70 % en agrofourniture quand le négoce en détient de 26 à plus de 30 % avec 400 entreprises et 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Les négoces repris par les coopératives leur permettent d'étendre leurs parts de marché et leur activité est intégrée pour certains dans le chiffre d'affaires de la structure de base (voir notre palmarès p. 28 à 33). Les filiales de coop figurent dans ce palmarès, la plupart d'entre elles sont adhérentes de la FNA qui considère désormais le rachat par une coopérative comme une des voies possibles de reprise pour un négoce.

DOSSIER RÉALISÉ PAR HÉLÈNE LAURANDEL

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